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aimait sa seconde femme comme il avait aimé Madeleine ; sa gaieté première était revenue. Le général se trouvait le plus heureux des hommes. Avant de quitter Loumigny, il donna la maison et ses dépendances à sa petite femme, comme il l’appelait encore : les prés, les terres environnants à Dérigny, qui eut ainsi une propriété personnelle de plus de quarante mille francs.

Moutier et Elfy se chargèrent de l’administration et de la garde de la maison et des terres du Général reconnaissant en l’absence de Dérigny et de sa famille. La séparation des deux sœurs fut douloureuse ; Elfy pleurait ; Moutier était visiblement ému. Le général embrassa Elfy avec effusion et dit en la remettant à Moutier :

« À revoir dans un an, mes enfants, mes bons amis. Attendez-moi pour le baptême de votre premier enfant ; c’est moi qui suis le parrain. Adieu, mes enfants, pensez au vieux général, toujours reconnaissant. »

La voiture partit ; Moutier emmena sa femme, qui pleurait moins amèrement depuis la promesse du général.

ELFY.

Croyez-vous, mon ami, qu’ils reviendront dans un an, comme l’a promis le général ?

MOUTIER.

J’en suis certain, ma petite Elfy. Il nous aime tous, il n’aime que nous, et il veut notre bonheur. »

Moutier essuya les yeux d’Elfy et l’emmena faire une tournée d’inspection dans les prés et les terres de Dérigny ; ils rangèrent tout dans la maison, qui resta fermée jusqu’au retour de ses propriétaires.

Torchonnet devint un assez bon sujet, et sortit de