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XXIX

CONCLUSION, MAIS SANS FIN.


Les dix ou douze jours qui séparèrent la demande en mariage d’avec la cérémonie s’écoulèrent vite et gaiement ; les futurs quittaient peu le général, que la gaieté et l’entrain de madame Blidot amusaient toujours. Le mariage se fit sans bruit ni fête : deux veufs qui se marient ne font pas de noce comme des jeunes gens. On dîna chez le général, avec le curé et le notaire. Dans l’après-midi, madame Dérigny s’installa chez le général avec les enfants. Monsieur et madame Moutier devinrent seuls maîtres de l’Ange-Gardien. Le général désira que l’auberge du Général reconnaissant restât ouverte à tous les voyageurs militaires, et lui-même se plaisait à les servir et à couler des pièces d’or dans leurs poches. Il vécut gai et heureux à Loumigny pendant un mois encore : la conclusion de la paix l’obligea à quitter cette vie douce et uniforme qui lui plaisait… au moins pour un temps.


L’auberge resta ouverte à tous les voyageurs militaires.

Il fallut partir. Selon leurs conventions, Dérigny l’accompagna, emmenant sa femme et ses enfants, tous enchantés du voyage et heureux de ne pas se séparer. Madame Blidot s’était attachée à son mari autant qu’aux enfants ; Dérigny s’aperçut avec surprise qu’il