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drais, comme madame Blidot, pouvoir me marier demain. Et je vais suivre votre conseil, mon général, demander au maire de nous afficher, au notaire de faire le contrat, et, à monsieur le curé de nous garder sa messe pour le lundi de la semaine qui suivra celle dans laquelle nous entrons.

LE GÉNÉRAL.

C’est agir en homme sage, mon ami. Vous êtes pressés tous deux par vos enfants ; finissez-en le plus tôt possible. Allez, mon cher, allez vite, de peur que maire et notaire ne vous échappent. Je vous donne congé jusqu’au soir. Monsieur le curé veut bien me tenir compagnie, et Moutier viendra si j’ai besoin de quelque chose. Je suis, en vérité, aussi pressé que vous de voir le mariage fait et votre femme établie chez moi avec vous et vos enfants.

Dérigny disparut et utilisa son temps : il écrivit dans son pays pour avoir les papiers nécessaires, il arrangea tout avec le notaire et le maire, puis il courut à l’Ange-Gardien, où il arriva vers le soir, au moment où les enfants venaient de s’éveiller et demandaient à manger.

Madame Blidot accourut.

« Mes enfants, mes chers enfants, votre papa veut bien que je vive toujours avec vous et avec lui ; il va m’épouser ; je serai sa femme, et vous serez mes enfants.

JACQUES.

Oh ! que je suis content, maman. J’avais peur que papa ne nous emmène loin de vous, ou bien qu’il ne nous laisse ici en partant sans nous. Merci, mon cher papa, vous êtes bien bon.

DÉRIGNY.

C’est votre maman qui est bien bonne de le vouloir,