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— Pauvre femme ! dit le général attendri. Pauvre petite femme ! C’est bien par amour pour les enfants ! Avec un cœur pareil, Dérigny, vous serez heureux, et les enfants aussi.

DÉRIGNY.

Que Dieu vous entende, mon général ! »

Madame Blidot causait pendant ce temps avec le curé.

« Je n’ai plus de souci, de poids sur le cœur, disait-elle. Monsieur le Curé, dites demain une messe pour moi, en action de grâces. Allons, adieu, à revoir, monsieur le Curé ; à tantôt, mon bon général, nous viendrons voir comment vous vous trouvez de vos fatigues d’hier. Sans adieu, mon cher Dérigny ; je cours voir les enfants et annoncer la bonne nouvelle à Elfy. »

Madame Blidot disparut aussi vite qu’elle était entrée, laissant Dérigny content, mais étonné, le général riant et se frottant les mains, le curé partageant la gaieté et la satisfaction du général.

LE GÉNÉRAL.

Eh bien, mon ami, vous qui n’y pensiez pas, vous qui avez bondi comme un lion quand je vous en ai parlé, vous qui trouviez ce mariage impossible il y a une heure à peine, vous voilà presque marié.

DÉRIGNY.

Oui, mon général, je vous ai une vive reconnaissance d’avoir bien voulu arranger la chose. Cette pauvre femme est réellement touchante par sa tendresse pour mes enfants : je suis sûr que je l’aimerai, non pas comme ma pauvre Madeleine, mais comme l’ange protecteur des enfants de Madeleine. Chers enfants ! vont-ils être heureux ! Quand je pense à leur joie, je vou-