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MADAME BLIDOT.

Elle vous touche, et vous ne voulez rien faire pour la contenter !

DÉRIGNY.

Pardonnez-moi, je suis disposé à faire beaucoup pour vous les laisser, mais je ne puis, je n’ose vous le dire moi-même : le général vous en parlera, et, si vous acceptez la proposition qu’il vous fera en mon nom, mes enfants seront les vôtres.

MADAME BLIDOT, avec surprise.

Le général ! les enfants ! Ah ! je comprends. »

Madame Blidot tendit la main à Dérigny.

« Mon cher monsieur Dérigny, je ne veux faire ni la prude ni la sotte. Vous me proposez de devenir votre femme pour garder les enfants ? Voici ma main ; j’accepte avec plaisir et bonheur. Merci de me laisser ces chers petits à soigner, à élever, à ne les jamais quitter, à devenir leur mère, leur vraie mère ! Courons vite chez le général ; que j’aille le remercier, car c’est lui qui en a eu l’idée, j’en suis sûre. »

Dérigny restait sans parole, heureux, mais surpris. Il ne put s’empêcher de rire de ce facile dénouement.

DÉRIGNY.

Mais vous ne savez rien encore ; vous ne savez pas que le général me donne…

MADAME BLIDOT.

Eh ! qu’il donne ce qu’il voudra ! Que m’importe ? Vous me donnez les enfants ; c’est là mon bonheur, ma vie ! Je ne veux pas autre chose. »

Et sans attendre Dérigny elle sortit en courant, alla toujours courant chez le général, entra sans hésiter, le trouva en discussion avec le curé, se précipita vers