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néral ! Impossible !… Oui, malheureusement impossible. »

Le général sourit au malheureusement. Dérigny n’y répugnait donc pas ; il accepterait ce mariage pour ses enfants et peut-être pour son propre bonheur.

LE GÉNÉRAL.

Mon ami, ce n’est pas impossible. Vous me parlez franchement, je vais en faire autant. Je suis vieux, je suis infirme, je déteste le changement. Je vous aime et je vous estime ; votre service me plaît beaucoup et m’est nécessaire. Si vous épousez madame Blidot et que vous consentiez à rester chez moi avec elle et vos enfants, et à m’accompagner en Russie, toujours avec elle et les enfants, j’assurerai votre avenir en achetant et vous donnant les terres qui avoisinent mon auberge. Vous savez que, d’après les termes du contrat d’Elfy, je donne l’auberge à madame Blidot si elle vous épouse, car c’est à vous que j’ai pensé en faisant mettre cette clause. Quant à mon séjour en Russie, il ne sera pas long ; j’arrangerai mes affaires, je quitterai le service actif en raison de mes nombreuses blessures, et je reviendrai me fixer en France. Voyez, mon ami, réfléchissez ; voulez-vous que je parle à madame Blidot ?

DÉRIGNY.

Mon général, que de bontés ! Mes chers enfants ! ils vous devront tout, ainsi que leur père. Oh ! oui, mon général, parlez-lui, demandez-lui, au nom de mes enfants, qu’elle devienne leur vraie mère, que je puisse les lui donner en les conservant.

LE GÉNÉRAL.

Aujourd’hui même, mon cher Dérigny ; je suis content de vous trouver si raisonnable. Allez me chercher