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XXVIII

UN MARIAGE SANS NOCE.


Le lendemain de la noce, le général, voyant Dérigny plus triste qu’il ne l’avait encore été depuis le jour où il avait retrouvé ses enfants, lui demanda avec intérêt ce qui l’attristait ainsi, et l’engagea à parler avec franchise.

LE GÉNÉRAL.

Parlez à cœur ouvert, mon ami ; ne craignez pas que je m’emporte ; je vous vois triste et inquiet, et je vous porte trop d’intérêt pour me fâcher de ce que vous pourriez me dire.

DÉRIGNY.

Mon général, veuillez m’excuser, mais, depuis la proposition que vous m’avez faite de me garder à votre service, de m’emmener même en Russie avec mes enfants, je ne sais à quoi me résoudre. Je vois qu’il est pour eux d’un intérêt immense de vous accompagner avec moi ; mais, mon général (pardonnez-moi de vous parler si franchement), que de tristesses et d’inconvénients pour eux, et par conséquent pour moi, doivent résulter de cette position ! Mes pauvres enfants aiment si tendrement madame Blidot que les en séparer pour des années, et peut être pour toujours, serait leur imposer un