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place que lorsqu’on eut bu les santés du général, des mariés, de madame Blidot, avec un champagne exquis, trop exquis, car la plupart des invités quittèrent la table en chancelant et furent obligés de laisser passer l’effet du champagne dans des fauteuils, où ils dormirent jusqu’au soir.

À la fin du dîner après les glaces de diverses espèces, les ananas, les fruits de toutes saisons, les bonbons et autres friandises, Elfy proposa de boire à la santé de l’artiste auteur du dîner merveilleux dont on venait de se régaler.

Le général reçut cette proposition avec une reconnaissance sans égale. Il vit qu’Elfy savait apprécier une bonne cuisine, et, dans sa joie, il la proclama la perle des femmes. On but cette santé devant le héros artiste, que le général fit venir pour le complimenter, qui se rengorgea, qui remercia et qui se retira récompensé de ses fatigues et de ses ennuis.

La journée s’avançait ; le général demanda si l’on n’aimerait pas à la finir par un bal. On accepta avec empressement ; mais où trouver un violon ? Personne n’y avait pensé.

« Que cela ne vous inquiète pas, ne suis-je pas là, moi ? Allons danser sur le pré d’Elfy ; nous trouverons bien une petite musique ; il n’en faut pas tant pour danser ; le premier crincrin fera notre affaire. »

La noce se dirigea vers l’Ange-Gardien, qu’on trouva décoré comme la veille. On passa dans le jardin. Sur le pré étaient dressées deux grandes tentes, l’une pour danser, l’autre pour manger ; un buffet entourait de trois côtés cette dernière et devait, jusqu’au lendemain, se trouver couvert de viandes froides, de poissons, de pâtisseries, de crèmes, de gelées ; la tente de bal était