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quatre gros mangeurs, et vous n’aurez pas de restes. »

« Volailles à la suprême ! reprit le maître d’hôtel quand les perdreaux et les truffes eurent disparu sans laisser de traces de leur passage.

Jacques et Paul avaient mangé jusque-là sans mot dire. À la vue des volailles, ils reconnurent enfin ce qu’ils mangeaient.

« Ah ! voilà enfin de la viande, s’écria Paul.

— De la viande ? reprit le général indigné ; où vois-tu de la viande, mon garçon ?

JACQUES.

Voilà, général ! dans ce plat. Ce sont les poulets de tante Elfy.

LE GÉNÉRAL, indigné.

Ma bonne madame Blidot, de grâce, expliquez à ces enfants que ce sont des poulardes du Mans, les plus fines et les plus délicates qui se puissent manger !

ELFY, riant.

Croyez-vous, général, que mes poulets ne soient pas fins et délicats ?

— Vos poulets ! vos poulets ! reprit le général contenant son indignation. Mon enfant, mais ces bêtes que vous mangez sont des poulardes perdues de graisse, la chair en est succulente…

— Et mes poulets ?

LE GÉNÉRAL.

Que diantre ! vos poulets sont des bêtes sèches, noires, misérables, qui ne ressemblent en rien à ces grasses et admirables volailles.

ELFY.

Pardon, mon bon général ; ce que j’en dis, c’est