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plus chère, ma plus vive affection. Voici leur père revenu ; me les laissera-t-il ? consentira-t-il jamais à s’en séparer ?

LE GÉNÉRAL.

Pour dire vrai, je ne le crois pas, ma bonne amie. Mais, que diantre nous n’y sommes pas encore ! Et puis je suis là, moi. Ayez donc confiance dans le vieux général. Voyez la noce, le contrat, le dîner et tout ; vous étiez d’une inquiétude, d’une agitation ! Eh bien ! qu’en dites-vous ? Ai-je bien mené l’affaire ? A-t-on manqué de quelque chose ? De même pour les enfants, je vous dis : Soyez tranquille ; il dépendra de vous de les garder toujours, avec l’autorité d’une mère.

MADAME BLIDOT.

Oh ! si cela ne dépendait que de moi, ce serait fait !

LE GÉNÉRAL.

Bon ! Souvenez-vous de ce que vous venez de dire. Je vous le rappellerai en temps et lieu, et vous aurez vos enfants. Nous voici arrivés ; plus de tristesse ; ne songeons qu’à nous réjouir, sans oublier de boire et de manger. »

Le général quitta madame Blidot pour jeter un coup d’œil sur le dîner. Tout était prêt ; il fut content de l’aspect général et revint près d’Elfy pour l’avertir qu’on allait servir. La porte du fond s’ouvrit, et un maître d’hôtel, en grande tenue parisienne, annonça : « Le général est servi. »

Une salle immense s’offrit à la vue des convives étonnés et d’Elfy enchantée. La cour avait été convertie en salle à manger ; des tentures rouges garnissaient tous les murs ; un vitrage l’éclairait par en haut ; la table, de cinquante-deux couverts, était splendidement