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reux de toute l’assemblée ; car aucun souci, aucune inquiétude, aucun souvenir pénible ne se mêlaient à leur joie. Madame Blidot les contemplait avec amour et orgueil. Mais subitement son visage s’assombrit en jetant un coup d’œil sympathique sur Dérigny ; la tristesse de son regard lui révéla les inquiétudes qui l’assiégeaient, et à elle aussi la séparation d’avec les enfants lui apparut terrible et prochaine. Elle essaya de chasser cette cruelle pensée et se promit d’éclaircir la question avec Dérigny à la plus prochaine occasion.

La cérémonie était terminée ; Elfy était la femme de Moutier qui la reçut à la sacristie des mains du général. Ils avaient tous les deux l’air radieux. Moutier emmena sa femme, et, suivant la recommandation du général, la mena dans la maison du Général reconnaissant, où devaient se réunir les invités. Toute la noce suivit les mariés, le général toujours en tête, mais cette fois menant madame Blidot au lieu d’Elfy.

LE GÉNÉRAL.

À quand votre noce, ma petite femme ?

MADAME BLIDOT.

La mienne ? Oh ! général, jamais ! Vous pouvez m’en croire. J’en ai eu assez de la première.

LE GÉNÉRAL.

Comme vous dites ça, ma pauvre petite femme ! Vous avez l’air d’un enterrement.

MADAME BLIDOT.

Oh ! général ! c’est que j’ai la mort dans l’âme !

LE GÉNÉRAL.

Un jour comme celui-ci ? Par exemple !

MADAME BLIDOT.

Général, vous savez que Jacques et Paul sont ma