Page:Ségur - L’auberge de l’ange gardien.djvu/309

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui attristèrent sa physionomie. Le général la regarda un instant, devina ses préoccupations :

« Courage, mon ami, lui dit-il. Je suis là, moi ; j’arrangerai votre vie comme j’ai arrangé celle de Moutier ; vous aurez vos enfants et encore du bonheur devant vous. »

Dérigny sourit tristement en remerciant le général et chercha à secouer les pensées pénibles qui l’obsédaient.

Les témoins, les garçons et les filles de noce ne tardèrent pas à arriver ; ils étaient tous dans l’admiration du brillant général, du superbe zouave et de la toilette de la mariée. Il faisait un temps magnifique, un beau soleil du mois d’août, mais sans trop d’ardeur, et pas de vent.


On se mit en marche vers la mairie.

On se mit en marche vers la mairie ; comme la veille, le général donnait le bras à Elfy, et Moutier à madame Blidot. Dérigny et les enfants suivaient. À la mairie, le mariage civil fut promptement terminé, et on se dirigea vers l’église. Là les attendait une nouvelle surprise. Toute l’église était tendue en bleu, blanc et or. Une riche garniture d’autel, chandeliers, vases et fleurs, entourait un tabernacle de bronze doré artistement travaillé. Le curé était revêtu d’une magnifique chasuble d’étoffe dite pluie d’or. Les chantres avaient des chapes rouges et or. Des prie-Dieu, neufs et brillants, étaient préparés pour les assistants ; les prie-Dieu des mariés étaient couverts de housses de velours rouge. Le général et madame Blidot se placèrent l’un à droite, l’autre à gauche des mariés ; chacun prit place, et la cérémonie commença.

Jacques et Paul tinrent le poêle sur la tête du jeune couple ; ils étaient, après Moutier et Elfy, les plus heu-