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Moutier sourit ; les larmes d’Elfy firent place à un rire joyeux, et l’attendrissement du général se dissipa comme par enchantement.

LE GÉNÉRAL.

Ouf ! c’est fini ! Je suis content. Voyez un peu la jolie figure que j’aurais faite, pleurant avec Elfy et Moutier. Sapristi ! je sue d’y penser. Un général en grand uniforme pleurant comme un enfant qui a reçu le fouet ! À présent, mes bons amis, vous avez tout vu, vous êtes bien contents comme moi, mais bien fatigués comme moi, et vous avez besoin d’être seuls comme moi. Laissez-moi renvoyer tout ce monde ; promenez-vous tout doucement sur vos terres en causant, et laissez-moi surveiller le retour de l’ordre dans votre maison… Pas de réplique ! Je veux ce que je veux. Envoyez-moi Dérigny et les enfants ; dites que je désire qu’on s’en aille, et demandez au notaire de venir me parler.

Elfy baisa la main du général en signe de soumission et alla avec Moutier exécuter ses ordres. Bientôt la foule défila devant lui, et à chacun il disait :

« À demain, à la mairie. »

Il rappela au notaire qu’il couchait à l’auberge du Général reconnaissant.

« Votre chambre est prête, mon cher, ainsi que quelques autres pour les invités éloignés. »

Le notaire salua, serra la main que lui tendait le général, et sortit pour fumer en se promenant avec quelques amis avant de prendre possession des chambres qui leur avaient été préparées.