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le père, j’achète, avec votre aide, et je lui donne les terres qui entourent mon auberge Au général reconnaissant. D’ici là, je le décide à réunir ses enfants à maman Blidot dont il fera sa femme et la vraie mère de ses enfants ; je donne au ménage l’auberge et les terres. Et, après une absence d’un an, je viens mourir en France, chez vous ; car, entre nous, je ne crois pas en avoir pour longtemps ; d’ici à trois ans je serai couché dans votre cimetière, après être mort entre vos bras. Et voilà où j’ai besoin de votre aide : c’est à disposer maman Blidot à devenir madame Dérigny. Vous lui ferez savoir en gros tout ce que je viens de vous dire.

LE CURÉ.

Je crains qu’elle ne veuille pas se remarier, non pas qu’elle ait beaucoup regretté son mari, qu’elle avait épousé presque forcée par ses parents, et qui était vieux, méchant et désagréable, mais parce que ce mariage malheureux lui a ôté l’envie d’en contracter un autre.

LE GÉNÉRAL.

Et Jacques et Paul, qu’elle aime tant et qui sont si charmants ! Ce serait le moyen de ne plus les perdre.

LE CURÉ.

Écoutez, général, je tâcherai ; je ferai mon possible, car j’ai bonne opinion de Dérigny.

LE GÉNÉRAL.

Parbleu ! un garçon parfait, doux comme un agneau, un cœur d’or. Voyez-le avec ses mioches. Brave militaire, beau garçon, que vous faut-il de plus ?

LE CURÉ.

Ce qu’il a, général et ce dont vous ne parlez pas : de la religion et de la moralité.