Page:Ségur - L’auberge de l’ange gardien.djvu/294

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bre suffisant pour tous les invités. Le général fit asseoir Elfy entre lui et Moutier, madame Blidot à sa gauche, puis Dérigny et les enfants ; le notaire se trouvait en face avec une table devant lui. Quand tout le monde fut placé, le notaire commença la lecture du contrat.

Lorsqu’on en fut à la fortune des époux, le notaire lut :

« La future se constitue en dot les prés, bois et dépendances attenant à la maison dite l’Ange-Gardien, »

Elfy poussa un cri de surprise, sauta de dessus sa chaise et se jeta presque à genoux devant le général, qui se leva, la prit dans ses bras et, lui baisant le front :

« Oui, ma chère enfant, c’est mon cadeau de noces. Vous allez devenir la femme, l’amie de mon brave Moutier, deux fois mon sauveur et toujours mon ami. Je ne saurais assez reconnaître ce que je lui dois ; mais, en aidant à son mariage avec vous, j’espère m’être acquitté d’une partie de ma dette. »

Le général tendit la main à Moutier, l’attira à lui et le serra avec Elfy dans ses bras.

« Oh ! mon général, dit Moutier à voix basse, permettez que je vous embrasse.

— De tout mon cœur, mon enfant. Et, à présent, continuons notre contrat. »

Le notaire en acheva la lecture ; une seule clause, qui fit rougir madame Blidot, parut se ressentir de la bizarrerie du général. Il était dit :

« Dans le cas où la dame veuve Blidot viendrait à se remarier, sa part de propriété de l’Ange-Gardien retournerait à sa sœur Elfy, et serait compensée par la maison à l’enseigne : au Général reconnaissant, que le général comte Dourakine lui céderait en toute propriété,