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MADAME BLIDOT.

Mais, général, vous ne connaissez seulement pas les noms de nos parents et de nos amis ?

LE GÉNÉRAL.

Je les connais mieux que vous, puisque j’en sais que vous n’avez jamais vus ni connus.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! que va devenir tout ça ? s’écria madame Blidot d’un accent désolé.

LE GÉNÉRAL.

Vous le verrez ; demain c’est le contrat : vous verrez, répondit le général d’un air goguenard.

MADAME BLIDOT.

Et penser que nous n’avons rien de préparé, pas même de quoi servir un dîner !

LE GÉNÉRAL, riant.

À tantôt, ma pauvre amie : j’ai besoin de sortir, de prendre l’air. »

Et le général courut plutôt qu’il ne marcha vers la maison Bournier. Les ouvriers avaient tout terminé ; on achevait d’accrocher au-dessus de la porte une grande enseigne recouverte d’une toile qui la cachait entièrement. Une foule de gens étaient attroupés devant cette enseigne. Le général s’approcha du groupe et demanda d’un air indifférent :

« Qu’est-ce qu’il y a par là ? Que représente cette enseigne voilée ?

UN HOMME.

Nous ne savons pas, général. (On commençait à le connaître dans le village.) Il se passe des choses singulières dans cette auberge ; depuis huit jours on y a fait un remue-ménage à n’y rien comprendre.