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gnait parfois que ce fût un symptôme de mécontentement. Moutier la rassurait. « Je le connais, disait-il ; c’est quelque bizarrerie qui lui passe par la tête et qui s’en ira comme tant d’autres que je lui ai vues. »

Madame Blidot s’inquiétait du repas de noces, du dîner, du contrat. Quand elle avait voulu s’en occuper et les préparer avec Elfy, le général l’en avait empêchée en répétant chaque fois :

« Ne vous occupez de rien, ne vous tourmentez de rien ; c’est moi qui me charge de tout, qui fais tout, qui paye tout.

MADAME BLIDOT.

Mais, mon cher bon général, ne faut-il pas au moins préparer des tables, de la vaisselle, des rafraîchissements, des flambeaux ? Je n’ai rien que mon courant.

LE GÉNÉRAL.

C’est très bien, ma chère madame Blidot ! Soyez tranquille ; ayez confiance en moi. »

Madame Blidot ne put retenir un éclat de rire, auquel se joignirent Elfy et Moutier ; le général, enchanté, riait plus fort qu’eux tous.

MADAME BLIDOT.

Mais, mon bon général, pour l’amour de Dieu, laissez-nous faire nos invitations pour le dîner du contrat et pour le jour du mariage ; si nous ne faisons pas d’invitations, nous nous ferons autant d’ennemis que nous avons d’amis actuellement.

LE GÉNÉRAL.

Bah ! bah ! ne songez pas à tout cela ; c’est moi qui fais tout, qui règle tout, qui invite, qui régale, etc.