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Vous êtes pour elle l’ombre des bois, la fraîcheur des rivières, le soleil des prés. Ha ! ha ! ha ! Un peu de sentiment, voyons donc ! Au lieu de prendre des airs d’archanges, vous me regardez tous deux avec un air presque méchant. Ha ! ha ! ha ! Moutier est furieux que je ne fasse pas des jérémiades avec son Elfy, et Elfy est furieuse que je me moque de ses soupirs et de ses regrets pour les prés et les bois. À revoir, mes amis, j’ai une course à faire. »

Quand il fut parti :

« Joseph, dit Elfy à Moutier (qui mordait sa moustache pour contenir l’humeur que lui causait le général), Joseph, le général est insupportable depuis quelques jours ; je serais enchantée de le voir partir.

MOUTIER.

Ma pauvre Elfy, il est bon, mais taquin. Qu’y faire ? C’est sa nature ; il faut la supporter et ne pas oublier le bien qu’il nous a fait. Sans lui, je n’aurais jamais osé demander votre main.

ELFY.

Mais moi, je vous l’aurais donnée, mon ami ; j’y étais bien décidée lors de votre seconde visite.

MOUTIER.

Ce qui n’empêche pas que c’est, après vous, au général que je la dois, et un bienfait de ce genre fait pardonner bien des imperfections. »