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enfants ; un supplément de mobilier pour l’auberge Bournier, qui était en vente et qu’il voulait acheter tout de suite pour une affaire qu’il avait dans la tête.

Il écrivit à Domfront pour avoir un notaire ; il le voulait le soir même ; Moutier lui représenta qu’il serait trop tard, que cet empressement lui ferait payer l’auberge un tiers au-dessus de sa valeur.

LE GÉNÉRAL.

Que m’importent, mon cher, quelques milliers de roubles de plus ? Que voulez-vous que je fasse ici de mes six cent mille roubles du revenu ?

MOUTIER.

Employez-les bien, mon général ; vous trouverez à les placer.

LE GÉNÉRAL.

Mais comment ? Je ne demande pas mieux, moi ; mais, comme l’a dit Jacques le sage, personne ne me dit ce qui est bien ou mal.

MOUTIER.

Eh bien, mon général, pardon si je me permets de vous diriger dans l’emploi de votre argent ; mais… il me semble…

LE GÉNÉRAL.

Quoi, mon ami ? Parlez. Vous n’avez pas assez de vingt mille francs, n’est-ce pas ? Demandez tout ce que vous voudrez ; j’accorde tout d’avance.

MOUTIER.

Oh ! mon général ! comment pouvez-vous avoir une pensée pareille ? J’ai trop de vingt mille francs que je dois à votre générosité. Mais je pense que, si vous vouliez… réparer un peu le mal que vous avez fait à ce misérable qui vous a volé et qui a mérité toute votre