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LE GÉNÉRAL.

Laissez donc, Dérigny, laissez-le parler : je veux connaître son idée, qui est peut-être très bonne. Parle, Jacquot ; explique ce que tu viens de dire. Comment, selon toi, suis-je méchant pas exprès ?

JACQUES.

Parce que vous êtes si colère, que vous ne savez plus ce que vous dites ni ce que vous faites. Et ce n’est pas votre faute ; personne ne vous a dit que c’est mal de s’emporter. Et comme vous êtes très bon quand vous n’êtes pas en colère, tout le monde vous aime tout de même.

LE GÉNÉRAL.

Je te remercie, mon enfant ; je tâcherai de ne plus m’emporter. Quand j’aurai envie de me fâcher, je penserai à ce que tu m’as dit ; merci, merci, enfant. »

Dérigny avait une vive inquiétude des répliques de ses enfants ; les paroles du général le rassurèrent ; il jeta sur Jacques un regard de tendresse paternelle que le général devina, car il alla à lui, lui serra la main et lui dit :

« L’Ange-Gardien porte bonheur ; vos enfants sont charmants et excellents comme leur seconde maman et leur tante. »

La journée ne se passa pas sans que le général reparlât du dîner de chez Chevet et du jour de la noce, qui fut enfin fixé à la quinzaine. Le général se retira immédiatement pour écrire ; il fit ses commandes, envoya un bon sur son banquier à Paris, commanda un trousseau convenable pour la position d’Elfy, une argenterie considérable, des broches, des épingles, des boucles d’oreilles, des châles, des étoffes ; des présents pour madame Blidot, pour Dérigny, pour le curé, pour les