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et qu’il lui rendit son étreinte avec toute la chaleur d’une affection vive et sincère.

« Ouf ! dit le général ; j’ai cent livres de moins sur le cœur ! mon bon Moutier ! Tout général que je suis, je tiens à votre estime, à votre amitié, en proportion de l’estime et de l’amitié que je vous porte. Tout à l’heure j’étais malheureux ! Je vous sentais fâché contre moi, et ma conscience me disait que vous aviez raison. À présent, je me sens heureux et léger comme une plume.

— Merci… merci, mon général, dit Moutier ému à son tour.

LE GÉNÉRAL.

Allons voir les autres là-bas ; je n’ai plus honte de personne. Mais avant, dites-moi, mon ami, comment va le pauvre gredin ?

MOUTIER.

Pas trop bien, mon général ; mais rien de grave. Le baume du curé a bien fait.

LE GÉNÉRAL.

C’est que c’est celui de l’Évangile. Il n’est pas étonnant qu’il fasse merveille. »

Et le général rentra dans la salle suivi de Moutier.