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mes amis, et à vous, ma petite femme. Je crois que je l’entends venir ; je me sauve ; appelez-moi quand vous l’aurez apaisé. »

Et le général, avec plus d’agilité qu’on ne pouvait lui en supposer, disparut derrière sa porte au moment où Moutier ouvrait celle de l’Ange-Gardien.

Elfy courut à lui ; son sourire gai et doux dérida le front soucieux de Moutier.

ELFY.

Le général est triste et honteux, mon ami ; honteux de sa colère, triste de votre silence et de votre mécontentement visible.

MOUTIER.

Il a raison, ma chère Elfy, et je vois qu’il vous a chargée de plaider sa cause ; elle est bien mauvaise, vous avez fort à faire.

ELFY.

Mon bon Joseph, pensez donc que le général est très colère…

— Première et bonne excuse, dit Moutier en souriant.

ELFY.

Laissez-moi finir. Quand il est en colère, il fait des choses qu’il regrette après…

MOUTIER.

Et qui n’en sont pas moins faites.

ELFY.

C’est vrai, mon ami, mais il en est si fâché, qu’on lui pardonne malgré soi. Et puis, songez à la méchanceté, à l’ingratitude de ce méchant Torchonnet ; à ce qui serait arrivé s’il avait réussi à placer dans la paillasse de notre pauvre petit Jacques les objets volés au général. Il méritait une bien sévère punition, car moi-