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MADAME BLIDOT.

Mon général, j’en suis désolée, je me suis aperçue de cette perte une heure après votre départ, en rangeant votre chambre avec Jacquot ; elle était un peu en désordre.

LE GÉNÉRAL.

Comment, un peu ? Elle devait être sens dessus dessous. C’est que je savais qu’avec vous et les vôtres je ne courais aucun danger ; je vous confierais toute ma fortune sans aucune inquiétude, ma petite femme. Voilà pourquoi je dis que les objets ont été volés par un voleur.

MADAME BLIDOT.

Mon général, personne n’est entré dans votre chambre que moi, Jacques et Torchonnet.

— Torchonnet ? Ah ! dit le général en s’arrêtant tout court.

PAUL.

C’est Torchonnet qui a les belles choses ; je les ai vues quand il m’a demandé de les cacher dans la paillasse de Jacques.

LE GÉNÉRAL.

Torchonnet t’a demandé… quand ?… où ?… Raconte-moi cela, mon mignon.

PAUL.

Je revenais de l’école tout seul, avant Jacques. Torchonnet court à moi : « Mon Paul, veux-tu des pralines ? — Oui, je veux bien, je dis. — Alors prends ces choses d’or ; cours vite les cacher, très bien cacher, dans la paillasse de Jacques ; puis tu reviendras et je te donnerai plein tes mains de pralines. — Attends une minute, je lui dis, je vais demander à Jacques s’il veut. — Non, non, ne demande pas à Jacques, ne lui dis rien.