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Bournier, je le crains bien. Et à propos de Torchonnet, dites-moi, Joseph, le général a-t-il emporté aux eaux une timbale et un couvert en vermeil ?

MOUTIER.

Pas le moindre vermeil, ni rien.

MADAME BLIDOT.

C’est qu’en rangeant ses affaires éparses au travers de sa chambre, je n’ai jamais pu retrouver une timbale et un couvert dont la place est marquée, mais vide, dans son nécessaire.

MOUTIER.

Ils manquaient peut-être avant.

MADAME BLIDOT.

Non, Jacques m’a dit que le nécessaire était plein et complet quand le général le leur a fait voir.

MOUTIER.

Mais pourquoi parlez-vous de ces pièces perdues à propos de Torchonnet ?

MADAME BLIDOT.

Parce qu’il est venu dans la chambre pendant que nous rangions, Jacques et moi, les effets épars du général, et qu’il a été très mauvais.

Madame Blidot raconta à Moutier la scène qui s’était passée : elle ajouta que depuis elle avait défendu à Jacques et à Paul de jouer avec Torchonnet et de lui parler.

Ils causèrent quelque temps encore ; le général rentra très soucieux et très mécontent.

« Madame Blidot, dit-il, vous recevez chez vous beaucoup de monde ; un de ces coquins m’a volé deux pièces de mon nécessaire : une timbale et un couvert.