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faire le gentil avec moi, à me crier tes sottises aux oreilles, à me faire rouler à terre sous prétexte de m’embrasser ! »

Torchonnet, qui s’était mis en tête de se faire adopter et emmener par le général, s’écria :

« Pardon, pardon, mon bienfaiteur, mon père ! prenez-moi avec vous, emmenez-moi avec vous.

— T’emmener, polisson ! quand je t’emmènerai, ce sera pour te faire knouter, envoyer en Sibérie.

Si tu veux le knout, je te ferai prévenir quand je partirai, sois-en certain.

— Je veux tout ce que vous voulez, mon père, s’écria Torchonnet qui ne savait ce qu’était le knout ni la Sibérie.

— En vérité ! Eh bien, voici ce que je veux. »

Le général saisit Torchonnet par les cheveux, lui donna un soufflet, un coup de poing, force coups de pied ; le traîna à la porte et le jeta dehors malgré ses cris. Il referma la porte, s’éventa avec son mouchoir, se promena sans mot dire et rentra dans sa chambre.

PAUL.

Comme il a battu ce pauvre Torchonnet ! c’est méchant, ça ; je ne l’aime plus du tout.

JACQUES.

Je ne comprends pas ce qui a pris à Torchonnet. Le général s’est mis en colère, et Torchonnet continuait toujours.

MOUTIER.

Il a probablement eu connaissance de l’idée qui avait passé par la tête du général, et il a espéré la faire exécuter en feignant une grande tendresse.

MADAME BLIDOT.

Torchonnet est un mauvais garçon, perverti par les