Page:Ségur - L’auberge de l’ange gardien.djvu/246

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cher, après avoir fait avec eux une fervente prière d’action de grâces. Il ne peut se décider à les quitter, et, quand ils sont endormis, il les regarde avec un bonheur toujours plus vif, effleure légèrement de ses lèvres leurs joues, leur front et leurs mains ; enfin, la fatigue et le sommeil l’emportent, et il s’endort sur sa chaise entre les deux lits de ses enfants. Il dort d’un sommeil si paisible et si profond, qu’il ne se réveille que lorsque Moutier, inquiet de sa longue absence, va le chercher, et l’emmène de force pour le faire coucher dans le lit qui lui avait été préparé. Il était tard pourtant ; minuit venait de sonner à l’horloge de la salle ; mais Moutier n’avait pas encore eu le temps de causer avec Elfy et sa sœur ; ils avaient mille choses à se raconter, et les heures s’écoulaient trop vite. Enfin, madame Blidot sentit que le sommeil la gagnait ; l’horloge sonna, Moutier se leva, engagea les sœurs à aller se coucher et alla à la recherche de Dérigny qu’il ne trouvait pas dans sa chambre près du général. Il réfléchit encore quelque temps avant de s’endormir lui-même ; ses pensées étaient imprégnées de bonheur, et ses rêves se ressentirent de cette douce inspiration.