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moi, qu’en reconnaissance de vos soins (dont je ne peux plus me passer ; je sens que je ne m’habituerais pas à un autre service que le vôtre, si exact, si intelligent, si doux, si actif. Il me faut vous ou la mort) : qu’en reconnaissance, dis-je, de ces soins que rien ne peut payer, j’achèterai pour vous et je vous donnerai un bien quelconque où vous vous établiriez, après ma mort, avec vos enfants et une femme peut-être. Ce serait votre avenir et votre fortune à tous. Tant que je suis prisonnier, vous resterez en France avec vos enfants et notre ami Moutier.

DÉRIGNY.

Et après, mon général ?

LE GÉNÉRAL.

Après ? Après ? Nous verrons ça. Nous avons le temps d’y penser… Eh bien ? que dites-vous ?

DÉRIGNY.

Rien encore, mon général ; je demande le temps de la réflexion ; ce soir, je n’ai pas la tête à moi, et mon cœur est tout à mes enfants.

LE GÉNÉRAL.

Bien, mon cher, je vous donne jusqu’au repas de noces d’Elfy et de Moutier. Demain, nous fixerons le jour et j’écrirai à Paris pour le dîner et les accessoires. À nous deux, ma petite Elfy ! Reprenons notre vieille conversation interrompue sur votre mariage. C’est aujourd’hui lundi ; demain mardi, j’écris ; on m’expédie mon dîner et le reste samedi ; tout arrive lundi, et nous le mangerons en sortant de la cérémonie.

ELFY.

Impossible, mon général ; il faut faire les publications, le contrat.