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XX

PREMIÈRE INQUIÉTUDE PATERNELLE.


Jacques et Paul avaient écouté parler leur père sans le quitter des yeux ; ils se serraient de plus en plus contre lui ; quand il eut fini, tous deux se jetèrent dans ses bras ; Paul sanglotait, Jacques pleurait tout bas. Leur père les embrassait tour à tour, essuyait leurs larmes.

« Tout est fini à présent, mes chéris ! Plus de malheur, plus de tristesse ! Je serai tout à vous, et vous serez tout à moi.

— Et maman Blidot, et tante Elfy ? dit Jacques avec anxiété. Est-ce que nous ne serons plus à elles ?

DÉRIGNY.

Toujours, mon enfant, toujours. Vous les aimez donc bien ?

JACQUES.

Oh ! papa, je crois bien que nous les aimons ! elles sont si bonnes, si bonnes que c’est comme maman et vous. Vous resterez avec nous, n’est-ce pas ? »

Le pauvre Dérigny n’avait pas encore songé à ce lien de cœur et de reconnaissance de ses enfants ; en le brisant, il leur causait un chagrin dont tout son cœur paternel se révoltait ; s’il les laissait à leurs bien-