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gner et à nourrir. Pendant notre séjour dans cette maison, tout en évitant d’être connus, nous avions pourtant toujours été à la messe et aux offices les dimanches et fêtes ; la pâleur de ma femme, la gentillesse des enfants attiraient l’attention ; quand elle fut plus mal, elle demanda M. le curé, qui vint la voir plusieurs fois et, lorsque je la perdis, il fallut faire ma déclaration à la mairie et donner mon nom ; trois semaines après, le jour même où je venais de donner à mes enfants mon dernier morceau de pain et où j’allais les emmener pour chercher de l’ouvrage ailleurs, je fus pris par les gendarmes et forcé de rejoindre sous escorte, malgré mes supplications et mon désespoir. Un des gendarmes me promit de revenir chercher mes enfants ;


Je fus pris par les gendarmes.


j’ai su depuis qu’il ne l’avait pas pu de suite, et que plus tard il ne les avait plus retrouvés. Arrivé au corps, je fus mis au cachot pour n’avoir pas rejoint à temps. Lorsque j’en sortis, je demandai un congé pour aller chercher mes enfants et les faire recevoir enfants de troupe ; mon colonel, qui était un brave homme, y consentit ; quand je revins à Kerbiniac, il me fut impossible de retrouver