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JACQUES.

Deux bons amis, papa, deux. Le bon général est aussi un bon ami. »

Dérigny tressaillit en s’entendant appeler papa par son enfant.

DÉRIGNY, l’embrassant.

Tu avais la même voix quand tu étais petit, mon Jacquot tu disais papa de même.

« Mon bon ami, dit le général avec émotion, je suis content de vous voir si heureux. Oui, sapristi, je suis plus content que si, que si… j’avais épousé toutes les petites filles des eaux, que si j’avais adopté Moutier, Elfy, Torchonnet. Je suis content, content ! »

Dérigny se leva et porta la main à son front pour faire le salut militaire.

DÉRIGNY.

Grand merci, mon général ! Mais comment se fait-il que mes enfants se trouvent ici à plus de vingt lieues de l’endroit où je les avais laissés ?

MADAME BLIDOT.

C’est le bon Dieu et Moutier qui nous les ont amenés, mon cher Monsieur.

JACQUES.

Et aussi la sainte Vierge, papa, puisque je l’avais priée comme ma pauvre maman me l’avait recommandé.

DÉRIGNY.

Mon bon Jacquot ! Te souviens-tu encore de ta pauvre maman ?

JACQUES.

Très bien, papa, mais pas beaucoup de sa figure ; je sais seulement qu’elle était pâle, si pâle que j’avais quelquefois peur.