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JACQUES.

Jacques.

DÉRIGNY.

Et ton frère ?

JACQUES.

Paul. »

Dérigny poussa un cri étouffé, voulut faire un pas, chancela, et serait tombé si Moutier ne l’avait soutenu.

DÉRIGNY.

Dites-moi pour l’amour de Dieu, cette dame d’ici, est-elle votre maman ?

— Oui, dit Paul.

— Non, dit Jacques ; Paul ne sait pas ; il était trop petit ; notre vraie maman est morte ; celle-ci est une maman très bonne, mais pas vraie.

— Et… votre père ? demanda Dérigny d’une voix étranglée par l’émotion.

JACQUES.

Papa ? Pauvre papa ! les gendarmes l’ont emmené. »

Jacques n’avait pas fini sa phrase que Dérigny l’avait saisi dans ses bras, ainsi que Paul, en poussant un cri qui fit accourir le général et les deux sœurs.

Le pauvre Dérigny voulut parler, mais la parole expira sur ses lèvres, et il tomba comme une masse serrant encore les enfants contre son cœur.

Moutier avait amorti sa chute en le soutenant à demi ; aidé des deux sœurs, il dégagea avec peine Jacques et Paul de l’étreinte de Dérigny. Lorsque Jacques put parler, il fondit en larmes et s’écria :

« C’est papa, c’est mon pauvre papa ! Je l’ai presque reconnu quand il a dit : « Mes pauvres enfants ! » et surtout quand il nous a embrassés si fort ; c’est comme ça qu’il a dit et qu’il a fait quand les gendarmes sont venus. »