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que nous avons cherché partout, sans rien trouver… Est-ce que Torchonnet… ?

JACQUES.

Oh ! non, maman ! Torchonnet est parti. Et puis, il ne ferait pas une vilaine chose comme ça. Jugez donc ! Il serait voleur !…

MADAME BLIDOT.

Mon bon Jacquot, tu es un bon et honnête enfant, toi ; mais ce pauvre garçon, qui a vécu entouré de mauvaises gens, ne doit pas être grand-chose de bon. Vois comme il est ingrat. Tu l’as entendu nous menacer de gendarmes ? Et pourtant voici trois ans et plus que tous les jours tu vas lui porter son dîner près du puits.

JACQUES.

C’est vrai, maman, mais il ne pensait pas à ce qu’il disait ; je crois qu’il nous aime et qu’il vous a de la reconnaissance pour l’avoir nourri depuis trois ans. »

Madamo Blidot ne répondit qu’en embrassant Jacques ; elle enferma les bijoux et les autres effets du général dans une armoire dont elle emporta la clef, et envoya Jacques et Paul à l’école où ils allaient tous les jours. Elfy se mit travailler ; elle était triste, et sa sœur fut assez longtemps avant de pouvoir la faire sourire. Vers le milieu du jour, les voyageurs commencèrent à arriver, ce qui donna aux deux sœurs assez d’occupation pour les empêcher de penser aux absents.

Quand Torchonnet rentra au presbytère, le curé lui demanda s’il avait été à l’école.

TORCHONNET.

Non, je ne sais rien, et l’école m’ennuie.

LE CURÉ.

C’est parce que tu ne sais rien que l’école t’ennuie ! quand tu sauras quelque chose, tu t’y amuseras.