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MADAME BLIDOT.

Il me semble, mon garçon, que ta langue s’est bien déliée depuis hier ; tu n’étais pas aussi bavard ni aussi volontaire quand tu étais chez ton maître.

TORCHONNET.

Je n’ai plus de maître et je n’en veux plus. Je veux aller rejoindre le général.

MADAME BLIDOT.

Eh bien ! va le rejoindre, si tu peux, et laisse-nous tranquilles. Mon petit Jacques, viens m’aider à serrer tout cela.

TORCHONNET.

Qu’est-ce que vous avez là ? Ce sont les affaires du général. S’il me prend pour fils, tout sera à moi. Pourquoi les avez-vous prises ? Je le dirai aux gendarmes, quand je les verrai.

MADAME BLIDOT.

Dis ce que tu voudras, mauvais garçon, mais va-t’en : laisse-nous faire notre ouvrage. »

Torchonnet, au lieu de s’en aller, entra plus avant dans la chambre, et, sans que madame Blidot et Jacques s’en aperçussent, il saisit une timbale et un couvert en vermeil et les mit sous sa blouse, dans la poche de son pantalon. Jacques aidait madame Blidot à remettre en place les pièces du nécessaire de voyage ; ils y réussirent avec beaucoup de peine, mais deux compartiments restaient vides.

JACQUES.

Il manque quelque chose, maman ; on dirait que c’est un verre et un couvert qui manquent ; voyez la forme des places vides.