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Pendant qu’elle cherchait à rassembler les objets épars, Jacques entra.

JACQUES.

Maman, voici Pierre Torchonnet, qui est en colère après moi, de ce que je ne l’ai pas averti que le général partait ; ai-je eu tort, croyez-vous ?

MADAME BLIDOT.

Mais non, mon enfant, tu n’avais pas besoin d’avertir Torchonnet ; pourquoi faire ?

JACQUES.

Il dit que le général l’aurait emmené.

MADAME BLIDOT.

Emmené ? En voilà une idée !

Torchonnet entre dans la chambre.

TORCHONNET.

Oui, certainement, il m’aurait emmené, puisqu’il voulait me prendre pour fils ; c’est le curé qui l’en a empêché. Et si j’étais venu à temps ce matin, je serais parti avec lui ; le curé n’a aucun droit sur moi ; il ne peut pas empêcher le général de me prendre.

MADAME BLIDOT.

Torchonnet, ce que tu dis là est très mal. M. le curé a bien voulu te prendre quand tu étais malheureux et abandonné, et il te garde par charité et pour ton bonheur.

TORCHONNET.

Et moi je ne veux pas rester avec lui. J’ai bien entendu ce que le général disait et ce que le curé répondait ; il m’a empêché d’être riche et d’être un monsieur : et moi je ne veux pas rester chez lui à travailler et à m’ennuyer. Je veux qu’on me mène au général.