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« Je n’ai pas demandé ça, dit le soldat d’un air moitié effrayé.

ELFY.

Je le sais bien, Monsieur ; aussi cela n’entre pas dans le compte ; nous donnons aux militaires la tasse et le petit verre par-dessus le marché. »

Le soldat se rassit et avala lentement et avec délices le café et l’eau-de-vie.

LE SOLDAT.

Bien des remerciements, mademoiselle, je n’oublierai pas l’Ange-Gardien ni ses aimables hôtesses. »

Le général s’approcha de lui.

« Du quel côté allez-vous, mon brave ?

Aux eaux de Bagnols, répondit le soldat surpris.

LE GÉNÉRAL.

J’y vais aussi. Nous pourrons nous retrouver au chemin de fer pour faire route ensemble.

LE SOLDAT.

Très flatté, Monsieur, mais je vais à Domfront pour prendre la correspondance du chemin de fer…

LE GÉNÉRAL.

Et nous aussi. Parbleu ! ça se trouve bien nous partirons demain ! tous trois militaires ? Ça ira bien !

LE SOLDAT.

Il faut que je parte tout de suite, Monsieur ; on m’attend ce soir même pour une affaire importante. Bien fâché, Monsieur ! nous nous retrouverons à Bagnols. »

Le soldat porta la main à son képi et sortit avec le même air grave et triste qu’il avait en entrant. Sur le seuil de la porte, il aperçut Jacques et Paul qui rentraient en courant. Il tressaillit en regardant Jacques,