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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

que ce que j’ai dit est ma vengeance pour la déposition qu’elle m’a chipée au profit du juge d’instruction. Voilà tout. »

Moutier partit en riant, et ne fut pas longtemps sans revenir avec Elfy, qui apportait le café et l’eau-de-vie, qu’elle posa sur la table.

« Ah ! vous aimez la vengeance, général, dit Elfy en rentrant avec un visage joyeux. Je tâcherai de vous payer le tour que vous m’avez joué, mais à ma manière, en rendant le bien pour le mal. »

Et, se baissant vers le général, elle lui prit une main qu’elle baisa respectueusement.

ELFY.

Mon bon, mon cher général, pardonnez-moi ma familiarité, mais mon cœur déborde de reconnaissance. Je vous dois le bonheur de ma vie ; comment pourrais-je avoir pour vous d’autres sentiments que ceux d’une respectueuse tendresse ?

— Ma pauvre petite, ma chère enfant, balbutia le général ému en la serrant dans ses bras et en l’embrassant affectueusement. Pauvre enfant ! excellent cœur ! »

Le général, s’attendrissant de plus en plus, se leva de table à son tour et s’en alla dans sa chambre ; Elfy souriait, Moutier aussi, madame Blidot riait, Jacques et Paul étaient surpris.

« Pourquoi il pleure, dit Paul, il veut son café, pauvre général ; tante Elfy, donnez-lui son café, vous voyez bien qu’il pleurait.

JACQUES.

Ce n’est pas pour ça qu’il pleure, Paul ; je crois que c’est parce qu’il voudrait rester toujours avec nous, ne jamais s’en aller.