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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

demande d’Elfy, qui trouvait qu’il faisait bien chaud dans sa chambre.

« Permettez-moi de vous déranger pendant quelques instants, général, dit Elfy en acceptant le siége que le général lui offrait près de lui ; c’est vous qui avez fait notre mariage ; et quand je pense que, sans Joseph, ces abominables gens vous auraient tué ! car ils voulaient vous tuer, n’est-ce pas ?

LE GÉNÉRAL.

Je crois bien ! m’égorger comme un mouton.

ELFY.

Vous ne nous avez pas raconté encore les détails de cet horrible événement. Je ne comprends pas bien pourquoi ces misérables voulaient vous tuer, et comment ils ont pu faire pour s’emparer de vous qui êtes si fort, si courageux ! »

Le général, flatté de l’intérêt que lui témoignait Elfy et assez content de s’occuper de lui-même, lui fit le récit très-détaillé de tout ce qui s’était passé à l’auberge Bournier, depuis le moment de son arrivée. Quand le récit s’embrouillait, Elfy questionnait et obtenait des réponses claires et détaillées. Lorsqu’il n’y eut plus rien à apprendre, Elfy se frappa le front comme si un souvenir lui traversait la pensée et s’écria :

« Que va dire ma sœur ? J’ai oublié de plumer et de préparer le poulet pour notre dîner. Pardon, général, il faut que je me sauve.

LE GÉNÉRAL.

Et votre mariage dont nous n’avons pas dit un mot ?

ELFY.

Ce sera pour une autre fois, général.

LE GÉNÉRAL.

À la bonne heure ! Nous en causerons à fond. »