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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

LE GÉNÉRAL.

Alors qu’on suppose que je le suis.

MOUTIER.

Mon général, c’est impossible. On ne peut se passer de vous.

LE GÉNÉRAL.

Alors, pourquoi m’ont-ils renvoyé ? Pourquoi ne m’ont-ils pas écouté ? Je les ai prévenus ; ils n’ont pas voulu me croire. Qu’ils s’arrangent sans moi à présent.

MOUTIER.

Mon général, je vous en supplie.

LE GÉNÉRAL.

Non, jamais, jamais et jamais ! Je ne bouge pas de ma chambre jusqu’à ce qu’ils soient tous partis. »

Le général entra chez lui, ferma sa porte à clef, et, calmé par l’idée de l’embarras que causerait son refus, il se mit à rire et à se frotter les mains.

Moutier retourna à l’auberge et rendit compte de son ambassade. Le juge d’instruction, fort contrarié, parlait de forcer la déposition par des menaces.

MOUTIER.

Pardon, monsieur le juge, on n’obtiendra rien de lui par la force ; vous l’avez froissé ; il fera comme il l’a dit ; il se laissera mettre en pièces plutôt que de revenir là-dessus ; mais nous pouvons le prendre par surprise ; laissez-moi faire. Suivez-moi, ne faites pas de bruit, faites ce que je vous dirai, et vous aurez la déposition la plus complète que vous puissiez désirer.

LE JUGE.

Voyons, terminons d’abord ce que nous avons à faire ici ; faites votre déposition, monsieur Moutier ; greffier, écrivez. »