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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

LE GÉNÉRAL.

Pardon, Monsieur, je suis entré parce que je dois rester. Et si vous me faites sortir, vous serez fort attrapé.

LE JUGE.

Parlez plus poliment à la justice, Monsieur. Des étrangers ne doivent pas assister à l’interrogatoire que j’ai à faire, et je vous réitère l’ordre de sortir.

LE GÉNÉRAL.

L’ordre ! Sachez, Monsieur, que je n’ai d’ordre à recevoir de personne que de mon souverain (qui est très-loin). Sachez, Monsieur, qu’en me forçant à m’en aller, vous faites un acte inique et absurde.

Et sachez enfin que, si vous m’obligez à quitter cette salle, aucune force humaine ne m’y fera rentrer de plein gré et n’obtiendra de moi une parole relative à ces coquins.

LE JUGE.

Eh ! Monsieur, c’est ce que nous vous demandons ; taisez-vous et partez.

LE GÉNÉRAL.

Je sors, Monsieur ! Et je me ris de vous et de l’embarras dans lequel vous allez vous trouver. »

Le général enfonça son chapeau sur sa tête et se dirigea vers la porte. Moutier entrait au même moment ; il se rangea, porta la main à son képi :

« Pardon, général, » dit-il.

Le général sortit.

Le juge d’instruction regarda d’un air surpris.

« Qui êtes-vous, Monsieur ? » dit-il à Moutier.

MOUTIER.

Moutier, le principal témoin de l’affaire, monsieur le