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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

des voyageurs et quelques sous de gratification. Paul suivait tous les pas de Jacques ; le général s’amusait à regarder, à écouter et même à causer avec les allants et venants ; on le prenait pour un marchand de bœufs ou de moutons.


Jacques aida au service.
UN VOYAGEUR.

Comment que s’est vendue la marchandise à la foire de Gacé, M’sieur ?

— Pas bien, M’sieur, répondit avec sang-froid le général.

— Combien la livre sur pied ?

— Deux ou trois francs, dit le général qui ne savait pas de quoi il était question.

LE VOYAGEUR.

Et vous appelez ça pas bien ? P’rlotte ! vous êtes difficile, M’sieur ! Jamais la marchandise n’a monté à ce prix, moi vivant, c’est à ne pas y croire.

LE GÉNÉRAL.

Comme vous voudrez, M’sieur.

LE VOYAGEUR.

Ah ça ! M’sieur, vous moquez-vous de moi, par hasard ?

LE GÉNÉRAL.

Moi, M’sieur, par exemple ! Je vous respecte trop, ainsi que tous les voyageurs, pour me permettre…

LE VOYAGEUR.

Mais, M’sieur !

LE GÉNÉRAL.

Quoi ! M’sieur ?

LE VOYAGEUR.

Rien, M’sieur ; laissez-moi manger mon dîner.

LE GÉNÉRAL.

Très-volontiers, M’sieur. Mangez et buvez. »