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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

ELFY.

Alors, vous resterez ici pour me garder, et Joseph ira tout seul aux eaux. Il faut que mon pauvre Joseph guérisse bien son coup de feu, pour n’avoir pas à me quitter après.

LE GÉNÉRAL.

Tiens ! voyez-vous cette petite ! Ta, ta, ta, ta, ta, comme sa langue tourne vite dans sa bouche ! Il faut donc que je me soumette. Ce que vous dites est vrai, mon enfant ; il faut que votre Joseph (puisque Joseph il y a) se rétablisse bien et vite ; et nous partons demain.

ELFY.

Oh ! non, pas demain. J’ai eu à peine le temps de lui dire deux mots ; et ma sœur n’a encore pris aucun arrangement. Et puis… Enfin, je ne veux pas qu’il s’en aille avant… avant… Dieu ! que c’est ennuyeux !… Monsieur le curé, quand faut-il le laisser partir ? »

Le général se frottait les mains et riait.

LE GÉNÉRAL.

Voilà, voilà ! La raison s’en va ! l’affection reste en possession du champ de bataille ! Hourra pour la noce !

ELFY.

Mais pas du tout, général ! Dieu ! que vous êtes impatientant ! vous prenez tout à l’extrême ! Avec vos belles idées de noce, puis de départ tout de suite, tout de suite, vous avez brouillé tout dans ma tête ; je ne sais plus où nous en étions !… Et d’abord, Joseph ne peut pas partir avant d’avoir fait sa déclaration dans l’affaire des Bournier ; et vous aussi, il faut que vous soyez interrogé. N’est-ce pas, monsieur le Curé ! Joseph ne dit rien ; il me laisse toute l’affaire à arranger toute seule. »

Moutier souriait et n’était pas malheureux du désir