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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

vous lui avez données. Vous êtes un bon, un estimable curé : je me plais à le reconnaître.

LE CURÉ.

J’ai été si bien secondé par madame Blidot et son excellente sœur, que je ne pouvais faire autrement que de réussir.

LE GÉNÉRAL.

À propos de la petite sœur, je la marie.

LE CURÉ.

Vous la mariez ? Elfy ! pas possible !

LE GÉNÉRAL.

Et pourtant, c’est comme ça ! C’est moi qui dote le marié ; ce nigaud ne voulait pas, parce qu’elle a quelque chose et qu’il n’a rien. J’ai trouvé la chose si bête, que je me suis fâché, et que je lui ai donné vingt mille francs pour en finir. C’est lui maintenant qui est le plus riche des deux. Bonne farce, ça !

LE CURÉ, souriant.

Mais qui donc Elfy peut-elle épouser ? Elle refusait tous les jeunes gens qui se présentaient ; et quand nous la grondions, sa sœur et moi, de se montrer si difficile, elle répondait toujours : « Je ne l’aime pas. » Et si j’insistais : « Je le déteste. » Puis elle riait et assurait qu’elle ne se marierait jamais.

LE GÉNÉRAL.

Il ne faut jamais croire ce que disent les jeunes filles ! Je vous dis, moi, qu’elle épouse Moutier, mon sauveur, le brave des braves, le plus excellent des hommes.

LE CURÉ.

Moutier ! Ah ! le brave garçon ! J’en suis bien aise ; il me plaît et j’approuve le choix d’Elfy.