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X

À QUAND LA NOCE ?


Le général commençait à satisfaire son appétit ; il fit connaissance avec les enfants, qu’il prit fort en gré et avec lesquels il sortit après le déjeuner. Jacques le mena voir Torchonnet chez le curé. Mais Torchonnet avait subi un changement qui ne lui permettait plus de conserver son nom. La servante du curé, très-bonne femme, et qui plaignait depuis longtemps le pauvre enfant, l’avait nettoyé, peigné ; elle s’était procuré du linge blanc, un pantalon propre, une blouse à ceinture, de gros souliers de campagne. Le curé l’avait baptisé et lui avait donné le nom de Pierre. Toute crainte avait disparu : Pierre Torchonnet avait l’air enchanté, et ce fut avec une grande joie qu’il vit arriver Jacques et le général. Ce dernier apprit, en questionnant Torchonnet, combien Jacques avait été bon pour lui, et la part que lui et Moutier avaient prise à sa délivrance. Le général écoutait, questionnait, caressait Jacques, serrait les mains du curé.

LE GÉNÉRAL.

Monsieur le Curé, je ne connais pas un homme qui eût fait ce que vous faites pour ce garçon, et pas un qui eût donné à Jacques l’instruction et l’éducation que