périr de froid et de faim, car je ne vois rien près d’eux, ni paquets ni provisions. Comment a-t-on laissé de pauvres petits êtres si jeunes, seuls, sur une grande route ? Que faire ? Les laisser ici, c’est vouloir leur mort. Les emmener ? J’ai loin à aller et je suis à pied : ils ne pourraient me suivre. »
Pendant que l’homme réfléchissait, le chien s’impatientait ; il commençait à aboyer ; ce bruit réveilla le frère aîné ; il ouvrit les yeux, regarda le voyageur d’un air étonné et suppliant, puis le chien qu’il caressa en lui disant :
« Oh ! tais-toi, tais-toi, je t’en prie ; ne fais pas de bruit, n’éveille pas le pauvre Paul qui dort et qui ne souffre pas. Je l’ai bien couvert, tu vois ; il a bien chaud.
— Et toi, mon pauvre petit, dit l’homme, tu as bien froid !
Moi, ça ne fait rien ; je suis grand, je suis fort ; mais lui, il est petit ; il pleure quand il a froid, quand il a faim.
Pourquoi êtes-vous seuls ici tous les deux ?
Parce que maman est morte et papa a été pris par les gendarmes, et nous n’avons plus de maison et nous sommes tout seuls.
Pourquoi les gendarmes ont-ils emmené ton papa ?
Je ne sais pas ; peut-être pour lui donner du pain ; il n’en avait plus.
Qui vous donne à manger ?