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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

avec nous ! Et ma tante Elfy ne sera plus triste ! Elle pleurait, ce matin, je l’ai bien vue !

— Chut, chut, petit bavard ! dit Elfy en l’embrassant, ne dis pas mes secrets.

JACQUES.

Je peux bien les dire à mon bon ami, puisqu’il est aussi le vôtre.

LE GÉNÉRAL.

Ah ça ! déjeunerons-nous enfin ? Je meurs de faim, moi ! Vous oubliez tous que j’ai été pendant deux jours au pain et à l’eau, et que l’estomac me tiraille que je n’y tiens pas. Je n’ai pas une Elfy, moi, pour me tenir lieu de déjeuner, et je demande mon café.

MADAME BLIDOT.

Le voici tout prêt. Mettez-vous à table, général.

« Pardon, Elfy, c’est moi qui sers à partir d’aujourd’hui, dit Moutier en enlevant le plateau des mains d’Elfy, vous m’en avez donné le droit.

— Faites comme vous voudrez, puisque vous êtes le maître, répondit Elfy en riant.

— Le maître-serviteur, reprit Moutier.

— Comme moi, général-prisonnier, dit le général avec un soupir.

MOUTIER.

Ce ne sera pas long, mon général : la paix se fait, et vous retournerez chez vous.

LE GÉNÉRAL.

Ma foi, mon ami, j’aimerais autant rester ici pendant un temps.

MOUTIER.

Vous assisterez à mon mariage, général.