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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

réponds de son bonheur ; oui, j’en réponds ; car, depuis plusieurs mois que nous sommes ensemble… »

Le général n’acheva pas, et serra fortement la main de Moutier. Madame Blidot entrait à ce moment, suivie d’Elfy et des enfants. Moutier courut à madame Blidot et l’embrassa affectueusement.

MOUTIER.

Pardon, ma chère, mon excellente amie, de m’être emparé d’Elfy sans attendre votre consentement. C’est le général qui a brusqué la chose !

MADAME BLIDOT.

J’espérais ce dénoûment pour le bonheur d’Elfy. Dès votre premier séjour, j’ai bien vu que vous vous conveniez tous les deux ; votre seconde, votre troisième visite et vos lettres ont entretenu mon idée ; vous y parliez toujours d’Elfy ; quand vous êtes revenu, les choses se sont prononcées, et l’équipée d’Elfy, lorsqu’elle vous a cru en danger, disait clairement l’affection qu’elle a pour vous. Vous ne pouviez pas vous y tromper.

MOUTIER.

Aussi ne m’y suis-je pas trompé, ma chère sœur, et c’est ce qui m’a donné le courage d’expliquer comme quoi j’y pensais, mais que j’étais arrêté par mon manque de fortune ; mon bon général y a largement pourvu. Et me voici bientôt votre heureux frère, dit-il en embrassant encore madame Blidot ; et votre très-heureux mari et serviteur, ajouta-t-il en se tournant vers Elfy.

— Mon bon ami, mon bon ami, s’écria Jacques à son tour, je suis content, je suis heureux ! Vous garderez votre belle chambre et vous resterez toujours