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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

MOUTIER, riant.

Faites pas attention, mon général, tout ça va s’arranger.

LE GÉNÉRAL.

S’arranger ! s’arranger ! Je n’y comprends rien, moi. Mais ce que je vois, c’est qu’elle est charmante.

MOUTIER.

Et bonne, et sage, et pieuse, courageuse, douce.

LE GÉNÉRAL.

Etc., etc. Nous connaissons ça, mon ami. Je ne suis pas né d’hier. J’ai été marié aussi, moi ! une femme adorable, douce, bonne !… Quel démon, sapristi ! Si j’avais pu me démarier un an après, j’aurais sauté par-dessus mon clocher dans ma joie.

MOUTIER, vivement.

J’espère, mon général, que vous n’avez pas d’Elfy l’opinion ?…

LE GÉNÉRAL, riant.

Non, parbleu ! Un ange, mon ami, un ange. »

Moutier ne savait trop s’il devait rire ou se fâcher ; l’air heureux du général et sa face bouffie et marbrée lui ôtèrent toute pensée d’irritation, et il se borna à dire gaiement :

« Vous nous reverrez dans dix ans, mon général, et vous nous retrouverez aussi heureux que nous le sommes aujourd’hui.

LE GÉNÉRAL, avec émotion.

Que Dieu vous entende, mon brave Moutier ! Le fait est que la petite est vraiment charmante et qu’elle a une physionomie on ne peut plus agréable. Je crois comme vous que vous serez heureux ; quant à elle, je