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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.
MOUTIER.

J’accepte, mon général, dit-il enfin. Le courage me manque pour laisser échapper cette chère Elfy, que vous me donnez si généreusement.

— C’est bien heureux ! dit le général en s’essuyant le front. Vous convenez enfin que je vaux vingt mille francs !

MOUTIER.

Oh ! mon général ! ma reconnaissance…

LE GÉNÉRAL.

Ta, ta, ta, il n’y a pas de reconnaissance ! Je veux être payé par l’amitié du ménage, et je commence par embrasser ma nouvelle petite amie. »

Le général saisit Elfy et lui donna un gros baiser sur chaque joue. Elfy lui serra les mains.

ELFY.

Merci, général, non pas des vingt mille francs que vous donnez si généreusement à… à… comment vous appelez-vous ? dit-elle à Moutier, en se retournant vers lui.

— Joseph, répondit-il en souriant.

— À Joseph alors, continua Elfy riant ; mais je vous remercie de l’avoir décidé à… Ah ! mon Dieu ! et moi qui n’ai rien dit à ma sœur ! je m’engage sans seulement la prévenir. »

Elfy partit en courant. Le général restait la bouche ouverte, les yeux écarquillés.

LE GÉNÉRAL.

Comment ! Qu’est-ce que c’est ? Sa sœur ne sait rien, et elle-même se marie sans seulement connaître votre nom !