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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.
ELFY.

Vous ne vous engagerez plus, j’espère ?

MOUTIER.

Peut-être oui, peut-être non ; je ne sais encore.

ELFY.

Vous ne vous engagerez toujours pas sans m’en parler, et nous verrons bien si vous aurez le cœur de me causer du chagrin.

MOUTIER.

Ce ne sera pas moi qui vous causerai jamais du chagrin volontairement, ma chère Elfy.

ELFY.

Bon ! alors je suis tranquille, vous ne vous engagerez pas. »

Les deux sœurs et Moutier prolongèrent un peu la soirée. Moutier et madame Blidot allaient voir de temps à autre si le général n’avait besoin de rien. Voyant qu’il dormait toujours, ils parlèrent d’aller se coucher ; Moutier dit qu’il passerait la nuit sur une chaise pour veiller le général. Elfy et madame Blidot se récrièrent et lui déclarèrent qu’elles ne le souffriraient pas. Pendant que madame Blidot débattait la chose avec Moutier, Elfy disparut et rentra bientôt avec un matelas, qu’elle jeta par terre pour courir en chercher un autre.

« Elfy ! Elfy ! cria Moutier, que faites-vous ? Pourquoi vous fatiguer ainsi ? Je ne le veux pas. »

Elfy revint avec un second matelas qu’elle jeta sur Moutier qui voulait l’en débarrasser, et disparut de nouveau en courant.

« C’est trop fort ! dit Moutier. Va-t-elle en apporter une demi-douzaine ? »