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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

ché ; mais, s’il me touchait, il me mangerait tout vivant.

MOUTIER.

En voilà une bonne bêtise ! Qui est-ce qui t’a conté ces sornettes ?

TORCHONNET.

C’est mon maître, qui m’a bien défendu de l’approcher pour ne pas être dévoré.

JACQUES.

Ha ! ha ! ha ! Et moi qui y vais tous les jours, suis-je dévoré ?

TORCHONNET.

Vous ? vous osez ?… Comment que ça se fait donc ?

MOUTIER.

Ça se fait que ton maître est un mauvais gueux, un gredin, qui avait peur que le curé ne vînt à ton secours, et qui t’a fait croire que, si tu lui parlais, il te mangerait. Voyons, mon pauvre garçon, pas de ces sottises, et suis-moi. »

Torchonnet suivit Moutier et Jacques avec répugnance. Moutier traversa l’auberge, lui fit voir son maître garrotté ainsi que sa femme et le frère, puis il sortit et alla au presbytère.

La porte était fermée parce qu’il se faisait un peu tard. Moutier frappa. Le curé vint ouvrir lui-même. Il reconnut Moutier.

LE CURÉ.

Bien le bonjour, mon bon monsieur Moutier ; vous voilà de retour ? Depuis quand ?

MOUTIER.

Depuis ce matin, monsieur le Curé, et voilà que je viens vous proposer une bonne œuvre.